Séismes en Turquie et en Syrie : ce que l’on sait des nouveaux tremblements de terre survenus dans la zone déjà touchée
22 février 2023Les rescapés des séismes à nouveau sous le choc. Lundi 20 février dans la soirée, deux tremblements de terre de magnitude 6,4 puis 5,8 ont secoué le sud-est de la Turquie et le nord-ouest de la Syrie voisine. Deux semaines après les terribles séismes qui avaient dévasté cette zone et fait plus de 45 000 morts, les secousses ont provoqué d’importants dégâts en causant l’effondrement de bâtiments déjà fragilisés. Epicentres, zones touchées, bilans humains : franceinfo revient sur cette nouvelle catastrophe naturelle, qui a bouleversé une région traumatisée.
Les deux séismes ont eu lieu à trois minutes d’intervalle
Selon les informations transmises par l’Afad, l’organisme officiel des secours en Turquie, un premier séisme a été enregistré à 20h04 heure locale (18h04 heure de Paris) dans le district de Defne, dans le sud de la province d’Hatay. Ce tremblement de terre d’une magnitude de 6,4 s’est produit à une profondeur de 16,7 kilomètres, précise la chaîne turque TRT sur son site (article en turc).
Trois minutes plus tard, un autre séisme, d’une magnitude de 5,8 cette fois, survient dans la ville côtière de Samandağ, plus au sud. Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, des habitants de la proche ville d’Antioche tentent de se mettre à l’abri alors que leur quartier est secoué de toutes parts. « C’est un nouveau séisme, il était très fort », commentent deux hommes sur la vidéo, relayée par le journal turc Sabah
Toujours selon l’Afad, 32 répliques ont été enregistrées dans la zone dans les heures qui ont suivi le premier séisme. Les secousses ont notamment surpris les équipes affairées à déblayer les décombres de bâtiments effondrés depuis la catastrophe du 6 février, au risque de les prendre au piège. « On était avec l’Afad qui [était à la recherche des] corps de nos proches quand la secousse nous a surpris », témoigne auprès de l’AFP un jeune habitant d’Antioche. « On s’est attrapés les uns les autres et juste devant nous, les murs ont commencé à s’effondrer. On avait l’impression que la terre était en train de s’ouvrir pour nous avaler. » Une alerte au tsunami a par ailleurs été lancée concernant le littoral, avant d’être levée.
Des morts et plusieurs centaines de blessés à déplorer
Côté turc, au moins six personnes ont perdu la vie, selon un bilan provisoire communiqué sur Twitter mardi matin par le président de l’Afad, Yunus Sezer. Celui-ci a ajouté que « 294 de nos citoyens [avaient] été blessés dans le tremblement de terre », soulignant que les efforts de recherche et de secours dans la région touchée allaient se poursuivre « sans interruption ». Dix-huit d’entre eux étaient dans un « état grave » a précisé Fahrettin Koca, ministre turc de la Santé. Par mesure de précaution, deux hôpitaux ont été évacués à Iskenderun et Antioche. « Les hôpitaux de campagne de tous nos districts continuent de fournir les services nécessaires à nos patients », a encore assuré Fahrettin Koca.
En Syrie, aucun mort n’a pour l’instant été signalé, mais une centaine de blessés sont à déplorer, selon le groupe de sauveteurs bénévoles des Casques blancs syriens. Outre les fractures et les hématomes, les secouristes sont intervenus pour des crises de panique, a précisé le groupe sur Twitter.
A Alep, plus grande ville de la zone touchée, un mouvement de foule a fait 47 blessés, a par ailleurs signalé l’agence officielle Sana.
Le niveau d’alerte sismique reste élevé
Ces nouveaux séismes témoignent d’un regain d’activité de la faille est-anatolienne, selon les autorités turques. Cité par la TRT, le ministre turc de l’Intérieur a précisé qu’une partie de cette faille s’était en effet rompue au sud de la ville d’Antioche. D’après des chiffres relayés par l’Afad, plus de 6 000 répliques ont par ailleurs été captées dans la région depuis le double séisme du 6 février.
Le niveau d’alerte reste donc particulièrement élevé en Turquie, surtout que le pays se situe à la croisée de trois plaques tectoniques (la plaque anatolienne, la plaque arabique et la plaque africaine) et constitue l’une des zones sismiques les plus actives au monde. Depuis le début du XXe siècle, 18 séismes d’une magnitude supérieure à 7 sur l’échelle de Richter y ont été enregistrés.
Dans un point de situation organisé lundi, quelques heures avant ces nouveaux séismes, le président de l’Afad avait confirmé la fin des opérations de recherches d’éventuels survivants, à l’exception de deux provinces. De nouvelles opérations ont toutefois été déclenchées lundi soir, notamment dans un immeuble fragilisé où plusieurs habitants ont été piégés alors qu’ils essayaient de récupérer leurs effets personnels, a rapporté l’agence turque DHA (article en turc). Malgré les mises en garde des autorités, de nombreux rescapés tentent de se frayer un chemin dans les décombres pour retrouver des objets ou sauver des meubles, parfois au péril de leur vie.