« J’ai l’habitude des secousses. C’est la première fois que je vis quelque chose comme ça. On a pensé que c’était l’apocalypse », témoigne une journaliste turque auprès de l’AFP. Le séisme, dont la première secousse a atteint une magnitude de 7,8, est survenu lundi 6 février au matin, a ravagé le sud-est de la Turquie et le nord de la Syrie.
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Le tremblement de terre et ses répliques ont fait plus de 5 000 morts et près de 25 000 blessés dans les deux pays, selon les bilans communiqués mardi. L’Organisation mondiale de la santé estime que 23 millions de personnes pourraient être touchées par les secousses. Plusieurs milliers d’édifices se sont effondrés. Les secouristes poursuivaient mardi leurs recherches de rescapés sous les débris. Franceinfo vous explique pourquoi ce séisme a entraîné une telle catastrophe.
Parce que c’est une région du monde où l’activité sismique est importante
La Turquie est située sur la plaque tectonique d’Anatolie. Le séisme est, lui, survenu au niveau de la faille est-anatolienne, soit à la jonction entre la plaque anatolienne et celle arabique, là où les plaques coulissent l’une sur l’autre. « Bien qu’un tremblement de terre de cette magnitude soit rare partout dans le monde, ce type d’événement est généralement attendu sur de longues failles décrochantes à la limite des plaques », expose l’Institut d’études géologiques des Etats-Unis (contenu en anglais).
Pourquoi une telle intensité ? « Ce qui est important, c’est la différence de vitesse. La plaque arabique va un peu plus vite que la plaque anatolienne vers le Nord-Est, ce qui entraîne des accumulations de forces à ce niveau », a détaillé dans Le Parisien le sismologue Florent Brenguier, de l’Institut des sciences de la Terre, à Grenoble. Par ailleurs, la faille d’Anatolie de l’Est n’avait pas connu de secousse d’une telle magnitude depuis plus de deux siècles, ce qui signifie « qu’une assez grande quantité d’énergie a pu s’accumuler » à cet endroit, analyse Roger Musson, chercheur associé au British Geological Survey interrogé par l’AFP.
Parce qu’il y a eu beaucoup de fortes répliques après la première secousse
La première secousse, survenue en pleine nuit, a été particulièrement forte. Elle a atteint une magnitude de 7,8 (sur une échelle dont le maximum est 10). Quelques heures seulement après le choc initial, une réplique de magnitude 7,5 s’est produite à la mi-journée lundi. Son épicentre était situé près de la ville turque d’Ekinözü, à une centaine de kilomètres au nord de celui du premier tremblement de terre, comme le montre la carte de l’Institut d’études géologiques des États-Unis.
Following the M7.8 EQ, a M7.5 aftershock struck at ~1:30 pm local time. Significant and widespread damage is likely. More aftershocks will occur. Follow @Kandilli_info for local information. https://t.co/KLLmXlfS70 https://t.co/8wyrVPRJ9J pic.twitter.com/Kh825PfB11
— USGS Earthquakes (@USGS_Quakes) February 6, 2023
Ce phénomène est exceptionnel, estime Martin Vallée, sismologue à l’Institut de physique du globe de Paris, interrogé par BFMTV. « Cela arrive très rarement dans ce contexte où le séisme lui-même était déjà très fort (…) On aurait pu penser que [le premier] séisme, par sa magnitude, libère toutes les contraintes qui avaient été accumulées dans la terre », développe le chercheur.
Outre cette deuxième secousse, pas moins de 184 répliques ont été enregistrées depuis le premier séisme, lundi. Mais leur magnitude a décru.
Parce que le séisme s’est produit près de la surface du sol
Le premier tremblement de terre s’est déclenché à une faible profondeur, environ 17,9 kilomètres sous la surface du sol, près de la ville turque de Gaziantep et ses deux millions d’habitants. Le second a eu lieu encore plus près de la surface : 10 kilomètres.
« Lorsque les tremblements de terre sont relativement peu profonds, l’intensité de la secousse est sévère. »
L’Institut d’études géologiques américainsur son site internet
« La majorité des séismes destructeurs se produisent dans la croûte terrestre à moins de 15-20 km de profondeur », confirme de son côté le Bureau central sismologique français.
Parce que les infrastructures n’étaient assez résistantes
Selon les experts, les habitations touchées par le séisme n’étaient pas assez solides pour résister aux secousses. » Dans l’ensemble, la population de cette région habite dans des structures qui sont extrêmement vulnérables aux secousses sismiques, même s’il existe quelques structures résistantes », déclare l’Institut d’études géologiques des États-Unis dans son rapport (en anglais) sur l’incident.
Côté truc, les autorités dénombrent pour l’heure près de 5 000 immeubles effondrés. Ils se sont écroulés « comme des crêpes », souligne auprès de l’AFP le vulcanologue britannique Bill McGuire de l’University College de Londres. « Cela survient quand les murs et les sols ne sont pas suffisamment solidaires, chaque étage s’effondre verticalement sur celui du dessous », ajoute-t-il.
Le nombre d’infrastructures détruites n’est pas connu en Syrie, mais il pourrait être tout aussi lourd. « L a résistance des infrastructures est malheureusement inégale dans le sud de la Turquie et particulièrement en Syrie », a expliqué à l’AFP Carmen Solana, vulcanologue à l’Université britannique de Portsmouth.
AFP