Sénégal: choc après la gifle contre une députée lors d’une bagarre à l’Assemblée

Sénégal: choc après la gifle contre une députée lors d’une bagarre à l’Assemblée

2 décembre 2022 Non Par LA RÉDACTION

La façade de l'Assemblée Nationale du Sénégal (illustration).

Au Sénégal, de très nombreuses réactions d’indignation après des violences contre une députée jeudi 1er décembre à l’Assemblée nationale : Amy Ndiaye, de la majorité, a été giflée par un élu de l’opposition. La séance, consacrée au budget du ministère de la Justice, a été suspendue. La tension était montée ces derniers jours dans l’hémicycle, où majorité et opposition sont désormais au coude à coude.

Les images ont fait le tour des télévisions et des réseaux sociaux : en pleine session, le député Massata Samb du parti PUR – membre de la coalition d’opposition Yewwi Askan Wi – se dirige résolument vers Amy Ndiaye et lui assène une gifle. « Sortez-le », lance le président de l’Assemblée. C’est la cohue, Amy Ndiaye réplique en lançant une chaise et un autre élu lui donne un coup de pied dans le ventre… alors que la députée est enceinte, selon ses collègues.

Après une reprise de la session, la députée fait un malaise et est évacuée de l’hémicycle.

Indignation des députées membres de la coalition

« Demain, à qui le tour ? », ont lancé jeudi les femmes du groupe parlementaire de la majorité parlementaire Benno Bokk Yaakaar qui condamnent des « actes odieux » contre leur collègue « en état de grossesse », et cela en pleine campagne des seize jours d’activisme contre les violences faites aux femmes, soutenue par l’ONU.

Les femmes élues de la coalition au pouvoir Benno Bokk Yaakaar. Elles n’excluent pas une action en justice contre les deux députés qui s’en sont pris à Amy Ndiaye : Massata Samb et Mamadou Niang, tous deux membres de la principale coalition d’opposition Yewwi Askan Wi. Elles disent les tenir pour responsables de ce qui arriverait à leur collègue enceinte et exigent des « excuses publiques ». « L’Assemblée ne doit pas être le théâtre de la femme objet, le théâtre de l’oppression de la femme » a dit pour sa part Abdoulaye Diouf Sarr, également député de la coalition présidentielle.

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Le collectif des Féministes du Sénégal exige des « sanctions ».  « La honte ! » c’est ce qui revient souvent dans les commentaires sur les réseaux sociaux. Pour le forum du Justiciable, « l’image de l’Assemblée est abîmée, voire détricotée en mille morceaux ».

Du côté de Yewwi Askan Wi, le député Guy Marius Sagna a dénoncé « l’utilisation » de certaines femmes de la majorité pour insulter leurs collègues de l’opposition.

Tensions à l’Assemblée

Ces incidents illustrent des tensions profondes à l’Assemblée nationale. Dimanche, une altercation déjà avait agité l’Assemblée, après des propos d’Amy Ndiaye contre le chef religieux Serigne Mustapha Sy, membre de l’opposition. En wolof, elle l’avait notamment accusé de ne pas tenir sa parole. Une « provocation », selon la coalition Yewwi Askan, Wi qui avait exigé des excuses publiques, mais qui n’ont rien d’injurieux, estiment les défenseurs de la députée.

C’est un nouvel épisode de violences dans un hémicycle très divisé. Depuis les législatives de juillet, la coalition du président Macky Sall a perdu sa majorité absolue. L’opposition a largement gagné du terrain. Déjà, la rentrée parlementaire en septembre avait été agitée par des empoignades, des bagarres. Ces derniers jours, les séances consacrées au budget sont marquées par des débats très houleux, voire des altercations entre députés.

 

RFI