Ce dialogue initié par la junte est supposé associer le plus grand nombre à la conduite de la période dite de transition au cours de laquelle doit se préparer le retour des civils à la tête du pays. Mais il s’ouvre dans un climat de forte défiance après des mois de répression de toute dissidence.
La Guinée est dirigée par une junte qui a pris le pouvoir par la force le 5 septembre 2021 à la faveur d’un des différents putschs qu’a connus l’Afrique de l’Ouest depuis deux ans. Les militaires se sont engagés à céder la place à des civils élus au terme d’une période au cours de laquelle ils disent vouloir mener de profondes réformes. Les militaires conduits par le colonel Mamady Doumbouya viennent de consentir sous la pression de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) à limiter cette période transitoire à deux ans à partir de janvier 2023.
Elaboration d’une Constitution
Le gouvernement installé par la junte a lancé jeudi « le cadre de dialogue interguinéen ». Les participants, une mosaïque de petits partis et d’organisations de la société civile, doivent discuter jusqu’au 15 décembre de l’organisation des élections, de l’élaboration d’une nouvelle Constitution et du référendum auquel elle donnerait lieu, ou encore du recensement préalable de la population.
Le dialogue a le soutien de la Cedeao, dont le médiateur, l’ancien président béninois Thomas Boni Yayi, prenait part à l’ouverture des débats. Les principales organisations politiques, l’Alliance nationale pour l’alternance et la démocratie (ANAD), le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) et le Front national de défense de la Constitution (FNDC), ont en revanche boycotté comme prévu.
Elles avaient conditionné leur participation à dix préalables, dont la libération de tous ceux qui ont été emprisonnés dans un contexte politique, l’arrêt immédiat des poursuites engagées sous la junte contre nombre de leurs dirigeants, la faculté pour leurs leaders en exil de rentrer ou encore la levée de l’interdiction de manifester. Le premier ministre Bernard Goumou leur avait répondu le 14 novembre que ces sujets pouvaient être discutés mais ne pouvaient être « un facteur de blocage » du dialogue.