Procès du 28 septembre : Claude Pivi nie toute implication et accuse « Toumba » d’avoir été au stade
30 novembre 2022Le procès du massacre du 28 septembre 2009 se poursuit à Conakry. Nous en sommes au 25ᵉ jour d’audience dans cette affaire historique où plus de 150 personnes ont été tuées et de nombreuses autres violées lors de la répression d’un rassemblement de l’opposition au stade de Conakry.
Depuis plusieurs jours, c’est le colonel Claude Pivi, ancien ministre de la Sécurité présidentielle, qui répond aux questions du tribunal. L’officier nie toute responsabilité dans les crimes commis et rejette la faute sur Aboubacar Diakité, alias « Toumba ».
Claude Pivi charge l’ex-aide de camp du capitaine Dadis Camara
Vétéran des guerres du Liberia et de la Sierra Leone, Claude Pivi accuse ouvertement Toumba Diakité d’avoir été présent sur les lieux du drame.
Face au procureur qui lui demande pourquoi il n’a pas arrêté les responsables présumés, Pivi répond :
« J’étais prêt à les arrêter, mais le président avait demandé de laisser passer. Il y avait déjà une enquête internationale prévue, donc chacun devait rester calme. »
Selon sa version, le capitaine Moussa Dadis Camara, alors chef de la junte, aurait préféré laisser la commission d’enquête internationale mener ses investigations plutôt que d’intervenir directement.
Un accusé qui se dit « non coupable »
Le procureur insiste :
« Pourquoi n’avez-vous pas continué au stade ? Vous aviez l’habitude de traquer les militaires indélicats. Quand vous apprenez qu’ils ont tiré sur des civils, pourquoi ne pas être intervenu ? »
À cela, Claude Pivi répond :
« J’ai quitté le stade pour rendre compte au président. »
Pour les meurtres, viols, tortures et pillages qui ont marqué cette journée du 28 septembre 2009, il plaide non coupable et rejette en bloc les témoignages le mettant en cause.
« Des parties civiles me citent ? Qu’elles viennent aux confrontations ! », lance-t-il avec véhémence.
Un procès historique qui retient son souffle
Sur les onze accusés, trois n’ont pas encore comparu, dont l’ancien chef de la junte Moussa Dadis Camara, dont le témoignage est très attendu.
Le procès du stade de Conakry, ouvert en septembre 2022, reste un moment crucial pour la justice guinéenne et pour les familles des victimes qui espèrent, après plus d’une décennie, obtenir vérité et justice.
Yayé Barry



