Mali : le JNIM impose son étau sur Bamako à travers une stratégie d’asphyxie totale

Mali : le JNIM impose son étau sur Bamako à travers une stratégie d’asphyxie totale

4 novembre 2025 Non Par Doura

BAMAKO, 4 novembre 2025 – Le Mali fait face à une offensive d’un genre inédit. Au-delà des attaques armées, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), affilié à Al-Qaïda, met en œuvre une stratégie d’asphyxie visant à substituer progressivement son autorité à celle de l’État malien, selon plusieurs sources locales et sécuritaires.

L’arme économique : paralyser pour mieux régner

En s’appuyant sur une rançon estimée à 70 millions de dollars obtenue lors de précédentes négociations, le JNIM aurait renforcé ses capacités financières et logistiques. Ses actions visent désormais des cibles économiques cruciales, notamment l’approvisionnement en carburant, artère vitale du pays.
Les sabotages et les blocages dans certaines zones stratégiques entraînent des pénuries récurrentes à Bamako, provoquant une hausse des prix et une paralysie progressive de la capitale.

La bataille des soldes : une guerre psychologique

Sur le plan social, le JNIM mène une guerre psychologique redoutable. Selon des témoignages concordants, le mouvement propose à ses recrues des soldes pouvant atteindre 750 000 FCFA par mois — soit nettement plus que la rémunération moyenne d’un soldat malien — assorties de primes d’opération et d’une prise en charge à vie des familles des combattants tués.
Cette politique renforce son attractivité, notamment dans les zones rurales où l’État peine à assurer la sécurité et les services de base.

Le spectre syrien : vers une implosion interne ?

Les observateurs internationaux redoutent une évolution comparable à celle observée en Syrie, où des groupes armés avaient progressivement supplanté l’État en créant des structures parallèles de gouvernance.
Dans plusieurs localités du centre et du nord du Mali, le JNIM administre déjà la justice, collecte l’impôt et assure la sécurité économique, accentuant l’érosion de la légitimité gouvernementale.

Cette situation place le Mali dans une crise existentielle, alors que Bamako tente de maintenir son contrôle sur un territoire fragilisé par des années de guerre, de sanctions et d’isolement diplomatique.

Moussa Sangaré , correspondant de Guinee3.net à Bamako