Mali : la radiation de onze militaires, un signal fort du pouvoir de transition
9 octobre 2025
Mali : onze officiers radiés, un avertissement du pouvoir militaire
Moins de deux mois après leur arrestation, onze militaires maliens ont été radiés de l’armée sans passer devant un tribunal. Selon les autorités de transition, cette décision relève d’une sanction disciplinaire, et non d’un jugement judiciaire.
Parmi les radiés figurent les généraux Abass Dembélé, ancien gouverneur de Mopti, et Néma Sagara, figure emblématique de l’armée de l’air. Ils sont accompagnés de six lieutenants-colonels, deux capitaines et un sergent-chef. Leurs visages avaient été montrés en août sur la télévision nationale ORTM, après l’annonce d’une prétendue tentative de coup d’État déjouée.
Une « paranoïa » du pouvoir de transition ?
D’après une source sécuritaire malienne, toutes les accusations portées contre les militaires radiés reposent sur des fondements similaires, illustrant, selon elle, une certaine « paranoïa » des autorités. Cet été, une vaste purge a conduit à l’arrestation de plusieurs dizaines de soldats.
Aucune preuve d’un réel projet de déstabilisation n’a été rendue publique. Pour de nombreux observateurs, cette opération viserait à étouffer toute contestation au sein de l’armée. « Cela risque surtout d’augmenter le nombre de militaires frustrés », estime la même source.
Un Français arrêté et une rupture diplomatique
Parmi les personnes arrêtées figure Yann Vézilier, ressortissant français accusé de participation à la « conspiration ». Selon Paris, ces accusations sont sans fondement. Vézilier, membre de la DGSE, était en contact avec les autorités maliennes avant son arrestation.
Cet épisode a entraîné la fin de la coopération antiterroriste entre le Mali et la France, malgré la persistance d’échanges entre services de renseignement jusque-là. Le Français et les militaires arrêtés restent détenus au secret depuis août.
Un signal d’avertissement clair
Pour Oumar Berté, avocat et politologue malien, ces radiations constituent un avertissement politique.
« C’est une première dans l’histoire du Mali qu’autant d’officiers supérieurs, dont des généraux, soient radiés simultanément. Aucun jugement n’a encore établi leur implication dans un coup d’État », explique-t-il.
Selon lui, le message envoyé est clair : toute contestation, même minime, sera réprimée. Cette mesure pourrait créer un climat de méfiance et de peur au sein des forces armées, d’autant que certains des radiés, notamment le général Abass Dembélé, bénéficient d’un soutien important dans les troupes.
Moussa Dramé



