Vœux aux ambassadeurs: le Pape parle des transitions en Afrique de l’Ouest
10 janvier 2023 Non Par LA RÉDACTION
Delphine Allaire – Cité du Vatican
Dans son traditionnel discours-fleuve de vœux au corps diplomatique, de près de vingt pages, le Souverain pontife s’est appuyé en filigrane sur Pacem in Terris, dernière encyclique du Pape Jean XXIII (avril 1963) parue après la crise des missiles de Cuba d’octobre 1962. Selon François, ce texte historique «du bon Pape» Roncalli, sur «la paix entre toutes les nations, fondée sur la vérité, la justice, la charité, la liberté», fait écho à la période actuelle, aussi en proie aux menaces nucléaires. «Sous la menace des armes nucléaires, nous sommes tous toujours perdants!», a lancé l’évêque de Rome, préoccupé par l’impasse dans les négociations de l’accord sur le nucléaire iranien, et répétant à quel point la possession d’armes atomiques est «immorale».
Le Pape François a réaffirmé que la troisième guerre mondiale d’un monde globalisé est en cours. Les conflits impliquent désormais le monde entier. Confère la guerre en Ukraine, avec les attaques contre les infrastructures civiles qui font perdre la vie aux personnes non seulement à cause des bombes, mais aussi à cause de la faim et du froid. «Je ne peux que renouveler aujourd’hui mon appel à la fin immédiate de ce conflit insensé dont les effets touchent des régions entières, même en dehors de l’Europe en raison de ses répercussions en matière d’énergie et dans le domaine de la production alimentaire, notamment en Afrique et au Moyen-Orient», a insisté le Pape.
La Syrie et la Terre sainte
François a de nouveau fait allusion à «la troisième guerre mondiale par morceaux» tournant son regard vers d’autres théâtres de tensions et de conflits, comme «la Syrie martyrisée». «La renaissance de ce pays doit passer par les réformes nécessaires, y compris constitutionnelles, visant à redonner espoir au peuple syrien affligé par une pauvreté toujours plus grande, en évitant que les sanctions internationales imposées n’affectent la vie quotidienne d’une population qui a déjà tant souffert», évoque-t-il à ce sujet.
Le Saint-Siège suit également avec inquiétude l’aggravation de la violence entre Palestiniens et Israéliens. Jérusalem, ville sainte pour les juifs, les chrétiens et les musulmans, est particulièrement touchée. «Sa vocation, inscrite dans son nom, est d’être la Ville de la Paix, mais elle est malheureusement le théâtre d’affrontements. J’espère qu’elle pourra retrouver cette vocation d’être un lieu et un symbole de rencontre et de coexistence pacifique, et que l’accès et la liberté de culte dans les Lieux Saints continueront à être garantis et respectés selon le statu quo», a souhaité le Souverain pontife, espérant que les autorités israéliennes et palestiniennes dialoguent directement pour mettre en œuvre «la solution des deux États dans tous ses aspects».
Yémen, Afrique de l’Ouest, Éthiopie
Le Pape a évoqué son prochain voyage en RDC dans trois semaines, «avec l’espérance que cesse la violence dans l’Est du pays et que la voie du dialogue ainsi que la volonté de travailler pour la sécurité et le bien commun prévalent». Le pèlerinage de paix du Pape se poursuivra au Soudan du Sud, aux côtés de l’archevêque de Canterbury et du Modérateur général de l’Église presbytérienne d’Écosse, pour «contribuer à la réconciliation nationale».
Le Pape a énuméré une autre série de guerres: dans «le Caucase du Sud», où il exhorte «les parties à respecter le cessez-le-feu», appelant à la libération des prisonniers militaires et civils; au Yémen, où le cessez-le-feu conclu en octobre dernier tient bon mais où de nombreux civils continuent de mourir à cause des mines, et à l’Éthiopie où il espère que le processus de pacification se poursuive et que l’aide humanitaire se renforce.
François a partagé son appréhension de la situation en Afrique de l’Ouest, affligée par les violences du terrorisme: le drame du Burkina Faso, du Mali et du Nigeria. Il a affirmé souhaiter que les processus de transition en cours au Soudan, au Mali, au Tchad, en Guinée et au Burkina Faso se déroulent «dans le respect des aspirations légitimes des populations concernées». Sur le continent asiatique, le Pape jésuite est attentif à «la Birmanie bien-aimée» et à la péninsule coréenne.