Transition : Trente-neuf mois de combines et de décrépitude (Colère de Tierno Monénembo)
14 mai 2022Le mythe Mamadi Doumbouya n’a duré que ce que durent les roses. Ce Lieutenant-Colonel n’est pas le sauveur que l’on a cru, un instant. C’est clair à présent, cet ancien légionnaire veut faire comme son mentor Sékou Touré : régner seul, à coup de diète noire et de pendaisons, et le plus longtemps possible. Il a déjà méthodiquement préparé le terrain. Le baptême de l’aéroport n’a rien de fortuit, c’est un geste mûrement réfléchi, un message fort que les Guinéens feraient bien de décrypter maintenant avant que ne commence le grand déluge. Bizarre, cet acte illégal, délibérément provocateur n’a choqué presque personne ! La nomination du président du CNT, non plus ! Où a-t-on vu ça, le chef de l’Exécutif qui désigne par décret le chef du Législatif. Partout ailleurs, les partis politiques auraient hurlé au loup. Partout ailleurs, la société civile aurait érigé des barricades.
Pire, c’est seulement maintenant, après sept mois de pouvoir gratuit (si l’on ose dire) que notre drôle de militaire évoque un chronogramme. Trente-neuf mois selon les uns, trente-six, selon les autres ! Dans l’Etat qui est le nôtre, la cacophonie a toujours été la règle ! Trente-six (ou neuf) mois depuis le 5 Septembre ou depuis l’adoption par le CNT ? On n’en sait rien. Sur ce point, comme sur les autres, Mamadi Doumbouya préfère entretenir la confusion. Rien de mieux que la confusion pour fortifier les jeunes tyrans!
Tierno Monénembo
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