Le Colonel Lansana Conté prenait le pouvoir en Guinée il y a 38 ans

Le Colonel Lansana Conté prenait le pouvoir en Guinée il y a 38 ans

3 avril 2022 Non Par LA RÉDACTION

Il y a 38 ans , le Colonel Lansana Conté prenait le pouvoir une semaine après le décès de Sekou Touré. Retour sur la vie et la carrière du grand Général Conté
D’origine soussou, il intègre l’armée française en 1955, et participe à la guerre d’Algérie. Promu lieutenant, il défend le régime dictatorial d’Ahmed Sékou Touré. Dix ans plus tard, il est élu député du Parti démocratique de Guinée (PDG, parti unique).
Parvenu au grade de colonel, il participe au coup d’État de 1984, à la suite de la mort du « père de l’indépendance de la Guinée », Sékou Touré. La junte, dénommée Comité militaire de redressement national (CMRN), porte alors Lansana Conté à la tête du pays.
Libéral et nationaliste, il privatise les entreprises publiques, réduit le nombre de fonctionnaires, et dote la Guinée d’une nouvelle Constitution qui autorise le multipartisme. Devenu général, il est officiellement élu président de la République en 1993, et largement reconduit en 1998 et 2003, grâce à une modification constitutionnelle. Malgré les restrictions des libertés et les menaces, l’opposition critique ouvertement ces scrutins, qu’elle estime truqués, et qu’elle boycotte par la suite.
À la fin de sa présidence, alors que la situation économique et sociale continue de se dégrader, Lansana Conté doit affronter plusieurs révoltes, qui sont réprimées et font plusieurs morts, ce qui le contraint à négocier avec les syndicats. Victime de plusieurs tentatives de renversement et d’assassinat, il décède des suites d’une longue maladie. Sa mort est suivie d’un coup d’État renversant la IIe République, qu’il avait instaurée.

Origines et formation

Carrière militaireModifier
En 1955, il entre dans l’armée française, et est affecté en Algérie pendant la guerre d’indépendance, en 1957[3]. Après son service militaire, il retourne en Guinée, qui est devenue indépendante de la France le 2 octobre 1958 : il intègre alors la nouvelle armée avec le grade de sergent. Transféré au 2e bataillon d’artillerie, il est promu lieutenant en 1965.
Le 22 novembre 1970, lorsqu’un groupe d’exilés guinéens envahit le pays à partir de la Guinée portugaise, dans le but de renverser le gouvernement du président Ahmed Sékou Touré, il participe à des opérations visant à défendre la capitale. Après que les forces pro-gouvernementales parviennent à stopper l’invasion, Lansana Conté est promu, le 27 février 1971, au grade de capitaine pour « service rendu à la nation », et jouit de la réputation de militaire courageux[4]. En 1973, il est nommé commandant de la région militaire de Boké (nord-ouest de la Guinée) afin d’aider le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), mouvement de guérilla indépendantiste, dans le pays voisin, la Guinée portugaise.
Chef d’état-major adjoint de l’armée de terre à partir de 1975, puis chef de la délégation guinéenne au cours des négociations censées régler un différend frontalier avec la Guinée-Bissau en 1977, il est élu à l’Assemblée nationale en 1980, sur la liste unique du Parti démocratique de Guinée (PDG). Deux ans plus tard, élu membre du comité central du PDG, il est promu colonel.

Président de la RépubliqueModifier

Prise de pouvoir
Le 26 mars 1984, Ahmed Sékou Touré, le « père de l’indépendance », meurt à Cleveland lors d’une opération cardiaque[5] et l’unique parti de l’époque, le Parti démocratique de Guinée (PDG), sombre dans de violentes querelles de succession.
C’est dans un contexte de déclin et d’incertitudes qu’une semaine plus tard, le 3 avril 1984, un coup d’État militaire dirigé par le colonel Conté renverse le président intérimaire, Louis Lansana Beavogui. La junte, dénommée Comité militaire de redressement national (CMRN)[n 1], porte alors son chef de file au pouvoir[1], qui est proclamé président de la République deux jours plus tard, alors que vient d’être instituée la IIe République.
Le nouveau chef de l’État dénonce le régime de Sékou Touré et s’engage à établir un régime démocratique, à sortir la Guinée de son isolement international et à exploiter les ressources naturelles. Il se pose en défenseur des droits de l’Homme en libérant 250 prisonniers politiques, encourageant ainsi le retour d’environ 200 000 Guinéens de l’exil.
C’est ainsi que quelques mois plus tard, Lansana Conté est nommé Secrétaire général du Parlement international pour la sécurité et la paix, une organisation intergouvernementale dont le siège est en Italie.
Lansana Conté assure de facto la fonction de chef du gouvernement du 18 décembre 1984 au 9 juillet 1996, date à laquelle il nomme Sidya Touré comme Premier ministre.

Débuts
Le 22 décembre 1985, dans son discours-programme, il opte pour un libéralisme économique, après 26 ans d’économie centralisée. Il lance de nombreuses réformes : le rétablissement de l’initiative privée, la privatisation de nombreuses entreprises publiques, la dévaluation de la monnaie et le rétablissement du franc guinéen, ainsi que la réduction des dépenses du gouvernement et l’encouragement des investissements étrangers.
Le 3 avril 1990, à l’occasion du sixième anniversaire de l’avènement de la IIe République, Lansana Conté est promu au grade de général de corps d’armée. Dans le même temps, alors qu’une vague démocratique touche l’Afrique, il fait adopter une nouvelle Constitution par référendum le 23 décembre 1990. En 1992, dans le cadre des préparatifs de l’élection présidentielle de l’année suivante, les partis politiques sont officiellement légalisés[1] et douze lois organiques réglementent le statut d’institutions telles que la Cour suprême.
Les mesures annoncées par le nouveau président ne tardent pas à se faire sentir : la croissance économique s’élève à 4,5 % par an et le taux d’inflation ne dépasse pas 5 %[4].
Le CMRN est dissout le 16 janvier 1991, et est remplacé par le Comité de transition pour le redressement national (CTRN), un organe composé à partie égale de civils et de militaires.

Radicalisation du régime

Lors de l’élection présidentielle de 1993, Lansana Conté, candidat du Parti de l’unité et du progrès, est opposé à huit candidats[6], dont Alpha Condé (RPG). Le président sortant l’emporte dès le premier tour de scrutin avec 51,7 % des suffrages]. Cette élection est vivement contestée par les partis d’opposition à la suite de la décision de la Cour suprême d’annuler les résultats de deux préfectures où Condé avait obtenu plus de 90 % des voix[8] ; dès lors, le régime en place prend un visage plus radical.
Réélu avec 56,1 % des suffrages en 1998, Lansana Conté renoue peu à peu avec les pratiques autoritaires de Sékou Touré, en faisant notamment arrêter de nombreux opposants. En novembre 2001, il soumet à la population un référendum prévoyant une modification constitutionnelle afin qu’il puisse briguer un troisième mandat à la tête du pays. Le référendum, qui réduit la décentralisation et prolonge le mandat présidentiel de deux ans, est adopté par 98,4 % des voix, et est dénoncé par les observateurs internationaux.
Le 30 juin 2002, alors que les principaux partis d’opposition boycottent les élections législatives[4], le parti présidentiel remporte à nouveau la majorité à l’Assemblée nationale, obtenant 61,5 % des suffrages et 85 des 114 sièges à pourvoir.
Il lui arrive d’instrumentaliser les préjugés ethniques pour consolider son régime.

Il est décédé le 22 Mars 2008 plongeant le peuple de Guinée dans un immense tristesse.