Depuis la libéralisation des ondes en Guinée, jamais la presse n’a connu une ascension dans le classement du rapport de Reporters Sans Frontières (RSF) que cette année. De la 108eme place l’année dernière, elle a grimpé de 25 places et occupe à date le 84ème rang mondiale.
De 2013 à 2020 la Guinée a reculé de 13 places, après le régime du CNDD. Il n’est secret pour personne que Alpha Condé a confondu le libertinage de la presse à la liberté de la presse. Si certains pensent que la presse était libre, pour d’autres, elle a été un calvaire.
L’on se souvient, d’un vendredi noir où notre célèbre confrère Elhadj Mohamed Koula Diallo du site www.guinee7.com a été froidement assassiné aux abords du siège d’un parti politique.Des journalistes malmenés à la gendarmerie de kenien dans la commune de Matam, leurs materiels de travail détruits par les forces de l’ordre. La séquestration et l’emprisonnement des journalistes, sans oublier les kidnappings et des journalistes victimes des extrémistes de la mouvance et de l’opposition lors des manifestations politiques.
J’oubliais, la transformation des patrons de médias en militants par des prises de position flagrantes pour un parti politique. Certains patrons de presse pour des questions économiques ils (patrons de presse) enferment dans leurs terroirs l’éthique et la déontologie de la profession. Quel mauvais souvenir de l’ère de Kôrô Alpha.
Le régime militaire est plus favorable à la liberté de la presse qu’un régime civil.
Cette année, l’exemple illustratif dans le classement mondial de la liberté de presse à travers le monde de cette année le prouve.
L’effort de ce résultat est-il de la junte?
L’avènement du CNRD a suscité beaucoup d’espoirs chez certains médias ou journalistes, qui pour certains est une libération à travers des actes qu’il pose.
Des actes qui s’articulent entre autres: la nomination des journalistes dans des postes de responsabilité, l’obtention d’une maison de la presse, la représentation des journalistes dans les différentes commissions mises en place, pour ne citer que ceci.
En attendant, il est important de nous poser ces questions :
La junte au pouvoir a t-elle été l’actrice qui a permis à la Guinée d’avoir cette place?
Quel a été l’effort des responsables de médias par rapport à ce résultat hautement remarquable que nous avons enregistré cette année?
Comme je l’ai toujours dénoncé dans mes précédentes tribunes, les patrons de presse ou les avocats des jeunes journalistes sont animés par le fric. Oui l’argent, le money pour faire une belle vie, oubliant que c’est l’effort et les tracasseries des jeunes journalistes dynamiques. Mais, dommage qu’ils ne gagnent rien de ces efforts.
Par ailleurs, malgré plusieurs dénonciations des syndicats de la presse et certaines associations de presse sur la condition de vie et de travail des journalistes en Guinée, les patrons de média font semblant que rien ne passe. Ils continuent toujours à utiliser ces jeunes dans leurs rédactions.
Peut-on dire que si les conditions de vie et de travail des journalistes sont améliorées, la Guinée occupera une bonne place dans le classement de la liberté de presse? Cette transition est une occasion pour la presse guinéenne d’améliorer les conditions de travail ou de ratifier certaines lois sur la liberté de la presse et la sécurité des journalistes dans l’exercice de leurs activités. Cette occasion a été loupée au temps du CNDD, et c’est le bon moment pour rattraper ce temps perdu.
A quand les journalistes guinéens sortiront de cette précarité ou calamité ?
Chérif Djiba Sano, journaliste