Guinée: Mamadi Doumbouya veut que la bauxite soit transformée dans le pays
11 avril 2022
En Guinée, le président de la transition veut que la bauxite, essentielle à la fabrication de l’aluminium, soit désormais transformée sur place. Pour assurer un partage équitable des revenus, il demande aux entreprises minières de construire des raffineries. Elles ont jusqu’au 31 mai pour proposer un calendrier précis.
De notre correspondant à Conakry, Matthias Raynal
Au moins six compagnies ont répondu à l’invitation de Mamadi Doumbouya pour une rencontre au cours de laquelle le ministre des Mines, Moussa Magassouba, a pris la parole. « Ces sociétés ont l’obligation, dans leurs conventions respectives de base de réaliser des raffineries sur le territoire guinéen », affirme-t-il.
Pays au sous-sol immensément riche, où l’on trouve de l’or, des diamants, du fer en quantité, la Guinée est l’un des pays les plus pauvres d’Afrique de l’Ouest. Les matières premières sont encore très rarement transformées sur place. Si la Guinée dispose des plus importantes réserves mondiales de bauxite avec une estimation de 7,4 milliards de tonnes, une infime partie du minerai est traitée dans le pays. C’est notamment le cas à Fria, à 160 kilomètres au nord-est de Conakry. Là-bas, la raffinerie Friguia, construite dans les années 60, appartient désormais à Rusal, leader mondial russe de la production d’aluminium.
Des coûts énergétiques extrêmement importants
Le président de la transition se dit « conscient de la complexité d’un projet de construction de raffineries », mais c’est « non négociable », insiste-t-il. Mamadi Doumbouya met en garde : tout retard « se traduira par des pénalités ». Mais l’État ne peut faire abstraction des réalités du terrain très variées auxquelles font face les différentes sociétés minières. Ainsi, selon l’économiste Mamoudou Touré, « la transformation de la bauxite en alumine crée de la chaîne de valeur, mais génère également des coûts extrêmement importants, surtout énergétiques. C’est faisable à condition que certaines contraintes infrastructurelles en matière de production énergétique soient levées. »
D’après le spécialiste, la bauxite représente 8% du budget de l’État et 16% du PIB guinéen. Ce n’est pas assez pour le président de la transition qui dénonce une « inégalité » dans les relations entre Conakry et les sociétés minières. Un « jeu de dupes » auquel il veut mettre fin