En Guinée, la justice annonce des poursuites pour « assassinats » contre l’ancien président Alpha Condé

En Guinée, la justice annonce des poursuites pour « assassinats » contre l’ancien président Alpha Condé

5 mai 2022 Non Par LA RÉDACTION

 

Vingt-six autres personnalités et hauts responsables sous la présidence de M. Condé sont également visées. Ces poursuites font suite à la répression brutale des protestations, à partir d’octobre 2019, contre un troisième mandat d’Alpha Condé.

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L’ancien président de Guinée, Alpha Condé, lors d’un meeting à Kissidougou, en octobre 2020.

Le procureur général de Conakry, nommé par la junte au pouvoir en Guinée depuis 2021, a annoncé, mercredi 4 mai, des poursuites contre l’ancien président Alpha Condé pour « assassinats »« actes de torture » et « enlèvements » notamment.

Vingt-six autres personnalités et hauts responsables sous sa présidence sont également visées. Parmi ces derniers, dont les noms figurent sur une liste communiquée par le procureur, se trouvent un ancien président de la Cour constitutionnelle, d’anciens présidents de l’Assemblée, un ancien premier ministre et une foule d’anciens ministres, députés et responsables des services de sécurité.

Selon le document, le magistrat a donné « instructions aux fins de poursuite judiciaire par voie de dénonciation » contre M. Condé et ces vingt-six autres personnes pour « meurtre, assassinat et complicité »« disparitions forcées »« détentions »« enlèvements »« actes de torture »« coups et blessures volontaires »« viols et agressions sexuelles » ou encore « actes de pillage ».

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Instruction de poursuites « sans délai »

Au vu des réquisitions du procureur général, les investigations paraissent viser essentiellement les deux dernières années de la présidence Condé. Le magistrat a précisé dans un message à l’Agence France-Presse (AFP) que ces poursuites étaient lancées à la suite d’une plainte du Front national de défense de la Constitution (FNDC), un collectif qui a mené pendant des mois, à partir d’octobre 2019, la contestation contre un troisième mandat d’Alpha Condé.

La répression de ces protestations, souvent brutale dans ce pays coutumier des violences politiques, a fait des dizaines de morts, quasiment tous civils. Cette mobilisation n’avait alors pas empêché M. Condé, devenu en 2010 le premier président démocratiquement élu après des décennies de régimes autoritaires ou dictatoriaux, d’être réélu en octobre 2020 après avoir fait modifier la Constitution en début d’année.

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Les défenseurs des droits humains dénonçaient la dérive autoritaire de la présidence Condé dans ses dernières années. M. Condé, 84 ans aujourd’hui, a été renversé le 5 septembre lors d’un putsch conduit par le colonel Mamady Doumbouya à la tête des forces spéciales.

Le FNDC n’a cessé depuis de réclamer justice. La plainte déposée en janvier en son nom par un cabinet français d’avocats désignait M. Condé comme principal responsable des violences. Dans ses réquisitions, transmises à des journalistes, le procureur général donne pour instruction au procureur de Dixinn (dans la banlieue de Conakry) sous son autorité d’engager les poursuites « sans délai ».

Période de transition de trente-neuf mois

Il lui demande d’interdire aux personnes visées par les investigations de sortir du territoire, et de faire saisir tous leurs biens à titre conservatoire. Il lui donne aussi pour instruction de faire délivrer les mandats d’arrêt internationaux nécessaires contre les personnes qui se trouveraient en dehors du pays.

M. Condé, gardé prisonnier par les militaires après le putsch, avait finalement été autorisé, en janvier, à se rendre aux Emirats arabes unis pour être soigné. Il est rentré en Guinée à la mi-avril. La junte assure qu’il est libre de ses mouvements.

Depuis le coup d’Etat de septembre 2021, le colonel Doumbouya s’est fait introniser président. Il s’est engagé à remettre le pouvoir à des civils élus. Après avoir entretenu le flou sur son calendrier, il vient d’annoncer que la période dite de transition qui précéderait le retour des civils au pouvoir et au cours de laquelle il dit vouloir une « refondation » du pays durerait trente-neuf mois. Cette annonce expose le pays à un durcissement des sanctions de l’organisation Cedeao, qui réclame une transition bien plus courte.

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Le colonel Doumbouya a assuré en prenant le pouvoir qu’il n’y aurait pas de « chasse aux sorcières » mais que la justice serait la « boussole » du pays. Les militaires proclament la lutte contre la corruption réputée endémique comme un de leurs grands combats. Certains responsables visés par les réquisitions du procureur général, à commencer par l’ancien premier ministre Ibrahima Kassory Fofana, sont déjà écroués pour des malversations financières présumées.

Le Monde avec AFP