Soixante-neuf ans après sa mère, le roi Charles III va s’asseoir, samedi 6 mai, sur la King Edward’s Chair à l’abbaye de Westminster à Londres, où les souverains du Royaume-Uni sont traditionnellement sacrés. D’un couronnement à l’autre, les Britanniques ont assisté à de nombreux événements royaux – quatre mariages princiers, six jubilés et quatre obsèques – qui ont à chaque fois drainé des millions d’habitants dans les rues du pays.
Le couronnement du roi Charles III consiste en un rassemblement de trois jours avec des fêtes de rue à l’échelle nationale, un concert au château de Windsor produit par la BBC et une cérémonie symbolique à l’abbaye de Westminster suivie d’une grande procession publique. Mais un événement d’une telle ampleur a un coût : 50 à 100 millions de livres sterling (soit 57 à 114 millions d’euros) selon la BBC*, 100 millions pour la radio londonienne LBC*. Selon The Sun*, l’un des tabloïds les plus vendus au Royaume-Uni, ce chiffre pourrait même monter jusqu’à 150 millions de livres sterling (environ 172 millions d’euros). En comparaison, le couronnement de la reine Elizabeth II en 1953 avait coûté 1,57 million de livres sterling, soit l’équivalent de 56 millions de livres sterling actuelles (approximativement 64 millions d’euros), en tenant compte de l’inflation.
Dans un contexte de crise économique, ces dépenses pharaoniques sont critiquées par un pan de la population anglaise qui peine à arrondir ses fins de mois. Plus de la moitié des Britanniques pensent ainsi que le couronnement du roi ne devrait pas être financé par le contribuable, selon un sondage YouGov*.
Ces festivités sont pourtant fréquentes. Six jubilés ont été célébrés sous le règne d’Elizabeth II : argent (25 ans), rubis (40 ans), or (50 ans), diamant (60 ans), saphir (65 ans). Le dernier en date est le jubilé de platine, qui a marqué les 70 ans de règne de la reine. Dans une note du 3 mars 2021*, le gouvernement avait annoncé que 28 millions de livres sterling (soit environ 32 millions d’euros) avaient été alloués à cette fête nationale, qui s’est déroulée du 2 au 5 juin 2022.
Certaines cérémonies financées par la famille royale, d’autres par le contribuable
Mais comment expliquer des dépenses si importantes ? La grande majorité du budget est attribuée à la sécurité, une préoccupation qui a pris de l’importance ces dernières années. Lors du jubilé de 2022, plus de huit millions de livres (soit un peu plus de 9 millions d’euros) avaient ainsi été dépensées par la police métropolitaine, selon les chiffres officiels* (document Excel).
Aux coûts des cérémonies, il faut ajouter les pertes économiques liées aux jours fériés décrétés pour permettre à la population de profiter des festivités. Selon le cabinet de conseil Centre for Economics and Business Research*, chaque jour férié supplémentaire coûte 2,3 milliards de livres sterling, soit approximativement 2,64 milliards d’euros. Un chiffre à nuancer, car ces événements font affluer des milliers de touristes dans les hôtels, restaurants et commerces, permettant d’injecter plus d’un milliard de livres (environ 1,15 milliard d’euros) dans l’économie britannique.
Contrairement aux mariages princiers, qui sont directement financés par la famille royale, le couronnement est considéré comme un événement d’Etat : c’est donc le gouvernement britannique, et par extension le contribuable, qui paiera une grande partie de la facture via le Sovereign Grant (« subvention souveraine »). Cette taxe est versée chaque année à la famille royale par le Trésor pour financer les fonctions officielles du monarque. Son montant varie chaque année, car il dépend des revenus issus du domaine de la Couronne, un ensemble de terres et de propriétés détenues par la famille royale. En 2022, la subvention souveraine a été fixée à 97 millions d’euros environ, soit 1,50 € pour chaque personne au Royaume-Uni, selon Euronews.
La BBC affirme* que le couronnement de Charles III sera aussi financé par la bourse privée, c’est-à-dire les revenus privés de la famille royale, principalement du duché de Lancaster.