La Guinée se dote d’une école militaire
24 janvier 2023
Le 9 janvier 2023, la Guinée s’est dotée d’un prytanée, une école préparatoire destinée à la formation des cadres militaires, pour la première fois depuis son indépendance. Inaugurée par le colonel Mamadi Doumbouya, le président de la transition a indiqué vouloir ainsi « obtenir les meilleurs cadres pour les administrations civile et militaire ».
La Guinée se dote d’un prytanée, une école militaire. L’établissement a été inauguré le 9 janvier 2023 à Conakry par le président de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya.
C’est la première fois depuis son indépendance en 1958 que s’ouvre dans le pays une telle école préparatoire destinée à la formation de cadres militaires. D’autant que les troupes guinéennes sont surtout connues pour leur manque cruel de qualifications professionnelles, mais surtout pour les nombreuses exactions commises contre la population.
Avec ce prytanée, l’objectif est de développer une hiérarchie militaire ayant de véritables compétences et étant éduquée aux valeurs morales de l’armée.
C’est le camp Alpha Yaya Diallo, en banlieue de Conakry, qui a été choisi pour abriter le prytanée militaire de Guinée.
Dans son discours inaugural, le colonel Mamadi Doumbouya a affirmé vouloir « réunir les enfants les plus brillants autour d’un projet commun pour tirer le pays vers la culture de l’excellence et obtenir les meilleurs cadres pour les administrations civile et militaire ».
« Un militaire mal formé qui est doté d’une arme, c’est une bombe en circulation »
Une initiative salutaire pour la réforme de l’armée guinéenne, juge Aliou Barry, le directeur du Centre d’analyse et d’études stratégiques de Conakry, au micro de Sidy Yansané : « C’est quelque chose de très palpable ici : quand on se promène au sein des casernes ou que l’on rencontre des militaires ou des policiers guinéens, on est frappé par le faible niveau de formation. Et j’ai toujours dit qu’un militaire mal formé qui est doté d’une arme, c’est une bombe en circulation. La seule réserve que j’émets, c’est au niveau des formateurs : on souffre beaucoup au niveau des universités et tout, des enseignants qui ne sont pas bien formés. »
Depuis l’indépendance, l’image du « corps habillé » [les métiers de l’ordre NDLR] guinéen est tristement rattachée aux violations répétées des droits humains, tels que la répression de 2007, le massacre et les viols du 28 septembre 2009 ou les dizaines de manifestants de l’opposition tués depuis 2011. « Il faudra absolument qu’il y ait un véritable programme d’éducation civique, d’éducation aux droits de l’Homme, parce qu’il faut que ce soit dans la culture du prochain cadre guinéen, poursuit Aliou Barry. Une formation unique ne suffit pas à faire d’un militaire, un militaire républicain ».
L’école préparatoire militaire sous régime d’internat accueillera une première promotion de 50 élèves âgés de 10 à 13 ans